L’Assemblée Nationale vient d’adopter – par une procédure antidémocratique d’urgence – le projet de loi dit « de sécurité globale »., dernier en date dans la longue liste des textes liberticides.
Une loi dangereuse pour nous tous, tellement dangereuse que Macron vient de recevoir en urgence une mise en garde dans laquelle les rapporteur-e-s de l’ONU, chargé-e-s de veiller au respect des droits de l’homme et des libertés publiques ne mâchent pas leurs mots. De l’ONU jusqu’à la Défenseure des droits , en passant par la Commission consultative des droits de l’Homme et les juristes, l’alerte est générale pour les droits démocratiques ! Un comble pour Macron, lui qui se voulait le héraut de la lutte contre les illibéraux : le voilà traité par l’UE comme un quelconque Orban !
.Au delà du bien connu art 24 – véritable déconstruction de la liberté d’expression et de la presse qui accroît l’impunité des comportements policiers violents –, d’autres dangers dans cette loi :
Les polices municipales, sous l’autorité du maire, accomplissent de plus en plus les missions de police. Au vu de certains arrêtés municipaux discriminatoires, racistes ou illégaux – on peut craindre des actions « disproportionnés » au bénéfice ’un potentat local… et des patrons qui exigent « l’ ordre »
Le texte consacre le rôle que les agents de sécurité privée jouent de plus en plus dans les actions de police : il tend ainsi vers une transformation en milice des services de sécurité, sans obligations de déontologie, de formation et de contrôle. Les milices patronales chacun sait ici qui elles servent et ce qu’elles font !
Il faut ajouter les vidéos par caméras embarquées des forces de l’ordre, la reconnaissance faciale et l’utilisation de drones munis de vidéos, et ce pas seulement lors des manifestations. L’interdiction -de fait- de filmer les forces de l’ordre s’accompagne de droits supplémentaires pour la police de filmer et d’utiliser les images des citoyen-ne-s, au mépris des textes fondamentaux sur la liberté d’expression et de manifestation, ainsi que du respect de la vie privée.
Sous prétexte de sécurité, c’est au droit fondamental d’exprimer et de manifester ses opinions, ses revendications dans l’espace public que le pouvoir continue de s’en prendre violemment, dans la logique du nouveau schéma national de maintien de l’ordre et du livre blanc sur la sécurité.
Craignant les mobilisations, il veut que la logique du maintien de l’ordre en cours depuis des années dans les quartiers populaires, s’impose partout contre les luttes populaires : militarisation des interventions , usage régulier de la force, arbitraire pour force reste à leur loi.
Car « en même temps » ce gouvernement met en cause les droits sociaux -ceux ces chômeur.euses par exemple- ou les droits des migrants et des sans papiers pourtant garantis par les textes internationaux . Demain en s’appuyant sur les préjugés xénophobes et racistes il nous prépare une « loi contre le séparatisme » dominée par la volonté de réprimer, d’imposer l’autorité.
Nous ne devons pas laisser passer ce projet et en particulier les dangereux art 21, 22 et 24 !
Ne soyons pas attentistes ! Castex va saisir le conseil constitutionnel sur le seul art 24, Si nous voulons une censure de cette loi liberticide et anticonstitutionnelle, il faut continuer à dire notre refus.
Sous la pression, Macron et Darmanin prétendent dénoncer les policiers violents. Mais peut-on laisser le ministre de l’intérieur dire que certains policiers « déconnent » quand ils tabassent un homme sous une pluie d’injures racistes ? C’est là banaliser une grave dérive.
Et l’utilisation de la violence policière contre les mouvements sociaux et dans les quartiers populaires, est-ce encore de la déconnade ?les tabassé.es, les éborgné.es les mutilé.es apprécieront cet humour.
En nous privant des possibilités d’exercer un contrôle de la police, d’ outil de contre-pouvoir, contre l’arbitraire et les violences policières ,? c’est la démocratie qui est atteinte : empêcher le débat sur le maintien de l’ordre, c’est faciliter le passage en force de leurs textes de régression sociale.
Bienvenue dans un monde verrouillé où la brutalité et l’impunité de la police régneront en maître.
Où la peur de l’espace public et la défiance de l’autre seront la norme.
Ou celles et ceux qui se battent sont menacé.es dans leur liberté
Où il n’y aura plus le droit de se défendre, de défendre ses revendications
Où il n’y aura plus d’opposition possible.
Ne les laissons pas faire. Partout participons et construisons les rapports de force pour protéger nos droits et nos libertés fondamentales.
Le pouvoir veut ériger la peur et la surveillance généralisée, érigeons partout la solidarité, la justice et la liberté.
Nous serons le 18 décembre ( journée internationale des migrant.es) aux côtés des sans- papiers pour l’acte 4 de la marche des solidarités