Catégorie : Actualité
Une loi , des articles ne peuvent être lus qu’en les situant dans un contexte :
-1- dans la durée : depuis une douzaine d’années des lois sécuritaires s : celles qui ont modifié en particulier les code de sécurité intérieure, le code pénal. A chaque loi ce sont des pouvoirs accrus pour la police , le parquet voire l’administration d’Etat. il serait trop long de les citer toutes : en 5 ans, pas moins de 7lois 1 dans cette logique :de celle du 21 décembre 2012 relative à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme, à celle du 20 novembre 2015 -sur la base de la loi du 3 avril 1955- relative à l’état d’urgence et renforçant l’efficacité de ses dispositions , état d’urgence prolongé 6 fois puis celle évoquée plus haut, Au printemps 2016, loi « renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, et améliorant l’efficacité et les garanties de la procédure pénale » … et enfin celle « renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme »en 2017. Cette dernière inscrit dans le droit commun des dispositions d’exception – dérogations censées être provisoires- de l’Etat d’urgence. Ce dernier – pris en fonction d’une situation exceptionnelle – doit être limité dans le temps et proportionné aux dangers : aucun bilan n’a été fait de la mise en œuvre des ces états d’urgence successifs et sans se poser de questions, depuis 2015 nous vivons de manière quasi permanente sous l’état d’urgence.
Ces lois, qui vont dans le sens d’une restriction continue des droits et libertés, se superposent aujourd’hui en strates au mépris des droits fondamentaux. Et c’est- dans le cadre de cette évolution juridique qu’il faut situer l’analyse de la loi sécurité globale .
-2- dans un contexte plus immédiat de diverses dispositions soit légales soit réglementaires : d’abord la loi dite « Séparatisme » intègre et élargit les dispositions de l’article 24 de la loi Sécurité globale en particulier avec la notion atteinte à l’intégrité psychique (notion on n peu floue qui permet n’importe quelle interprétation . Mais elle porte aussi atteinte au droit d’association l’article 8 prévoit qu’il sera possible, pour dissoudre une association, de lui attribuer la responsabilité d’agissements commis par un de ses membres a, si elle s’est abstenue de les faire cesser. En conditionnant l’attribution de subventions à la signature d’un «contrat d’engagement républicain», l’article 6 du projet de loi exige de s’engager positivement et explicitement, dans leurs finalités comme dans leur organisation, sur des principes qui sont ceux d’un gouvernement, les priorités de l’État ou les préférences politiques d’une majorité municipale.
Et tandis que les propositions élargissant les mesures de surveillance de toute la population ont été votées à bas bruit par l’Assemblée nationale, le Conseil d’État vient quant à lui de légitimer les décrets d’extension duil est même possible d’enregistrer « les comportements et habitudes de vie », les « déplacements ; pratiques sportives » ou les « activités sur les réseaux sociaux » etc. fichag sur la loi SG e de chacun·e sur la base de nos « opinions » supposées : personnes sont susceptibles « d’être impliquées dans des actions de violence collectives, en particulier en milieu urbain ou à l’occasion de manifestations sportives »il est même possible d’enregistrer « les comportements et habitudes de vie », les « déplacements ; pratiques sportives » ou les « activités sur les réseaux sociaux » etc.
– 3- dernier élément du contexte et non des moindres : la stratégie du maintien de l’ordre qui autorise (favorise?)les actions arbitraires et les violences policières. Bien sur ce n’est pas une nouveauté et les pouvoirs publics peuvent mettre en avant que nous sommes loin des 7 morts du 14 juillet 1954, des 9 morts de Charonne ou des centaines de morts d’octobre 1961… les ouvriers tués à Brest St Nazaire, Sochaux … Lutilisation de nouvelles armes dites « non létales » n’empêche pas la violence de la répression avec ses mutilé.es, ses blessés mais aussi ses interpellés et ses « nassés » au mépris du droit. Le maintien de l’ordre s’appuie sur une conception militaire dont les quartiers populaires ont fait les premiers l’expérience : il faut battre l’adversaire. Médiapart a publié un article avec des vidéos qui montre comment la police a saboté la manif du 12 décembre à Paris.
Aujourd’hui les dispositifs juridiques ont pour objet de légitimer des pratiques illégales et de donner à la police encore plus de moyens Les enjeux sont majeurs. Ils touchent au respect même de l’État de droit, qui suppose le contrôle effectif des pratiques des personnes dépositaires de l’autorité publique par les citoyens, le parlement, la justice et la presse.
Confronté à une mobilisation sans précédent pour la défense des libertés, de la démocratie, le gouvernement a opposé une fin de non-recevoir, il s’est contenté de promettre de revoir l’article 24 seul pour diviser : comme si les dispositions contre la liberté de la presse était les seules dangereuse… ce qui n’empêche pas les journalistes d’être une cible de la répression .
Darmanin a voulu éviter tout débat sur les actions de la police (et des préfets) en invoquant le monopole (de l’Etat et de sa police) de la «violence légitime » : il n’a pas compris que pour beaucoup aujourd’hui la violence policière n’est pas légitime, il a « oublié » que l’usage de la force ( et non de la violence) est encadré par la loi. Il oublie en particulier que cet usage doit être proportionnel au but recherché et non une violence préventive destinée à étouffer toute lutte. Le maintien de l’ordre n’est pas affaire de spécialistes, le contrôle de la police est une exigence citoyenne et démocratique, les états où la police fait la loi ne sont plus des états de droit.
En France, la Défenseure des droits, la Commission Nationale Consultative des droits de l’homme, et à l’international, 5 rapporteurs spéciaux des nations unies, et la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe ont tous vivement critiqué la proposition de loi Sécurité globale.
Nous devons utiliser tous les moyens possibles pour lutter contre ces lois, ces décrets … et en obtenir l’annulation mais aussi le respect de nos libertés fondamentales
C’est le rôle de cette agora d’en débattre
1loi du 18 décembre 2013 relative à la programmation militaire pour les années 2014 à 2019 et portant diverses dispositions concernant la défense et la sécurité nationale, loi du 13 novembre 2014 renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme, loi du 24 juillet 2015 relative au renseignement,
COMMUNIQUE DE PRESSE
Dans le cadre de l’acte 4 de la marche des solidarités et de la journée internationale des migrant.es, le collectif des citoyen.nes en lutte Ouistreham et 16 signataires du monde associatif, syndical et politique militants pour la défense des droits des exilés de notre territoire appellent à une marche
le vendredi 18 décembre 2020 entre Bénouville et Ouistreham, deux rendez-vous :
• 18 heures, Pont de Bénouville, départ de la marche
• 19 heures, quai Charcot à Ouistreham pour la distribution alimentaire des jeunes exilés en
transit sur le port de Ouistreham
Attestations dérogatoires disponibles sur la page Facebook du Collectif et auprès des signataires Organisation de navette entre Ouistreham et Bénouville pour ramener les chauffeurs à leur véhicule
Cet appel s’inscrit dans un mouvement national avec le Collectif de la Marche des Solidarités.
Acte 1 Le 30 mai, journée de mobilisation pour les sans-papiers. Des milliers de sans-papiers et de soutiens manifestent dans les rues de Paris et en région
Acte 2 le 20 juin 2020, la marche des solidarités avec des collectifs de sans-papiers et plusieurs associations dont la Ligue des Droits de l’Homme, les États Généraux des Migrations, la Cimade, Utopia 56, des organisations syndicales et partis politiques manifestent pour demander la régularisation de tous les sans papiers, la fermeture des Centres de Rétention Administrative et un logement pour toutes et tous.
Acte 3, A l’appel de 15 collectifs de sans-papiers, de la marche des solidarités, des EGM et de plus de 120 organisations des marcheurs et marcheuses partent en septembre de plusieurs villes de France (Marseille, Rennes, Lille, etc.) et arrivent à Paris le 17 octobre. En région, une marche rassemble plusieurs centaines de sans-papiers et soutiens entre le CRA de Oissel et l’hôtel de ville de Rouen le 10 octobre.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes revendiquent la régularisation de tous les sans-papiers, la fermeture des CRA et un logement pour toutes et tous. Malgré les milliers de villes et villages, les multiples rencontres…rien
Acte 4, de nombreux collectifs rejoignent le mouvement qui se massifie malgré un contexte de répression et un climat de peur face à la situation sanitaire. Le 18 décembre appelons à faire triompher la liberté, l’égalité et la solidarité.
Signataires : Alternatiba Caen, Alternatiba Rouen, AG de lutte contre toutes les expulsions, Solidaire 14, Asti Petit Quevilly, Collectif Droit des Femmes 14, Collectif Solidaire de Millepertuis, Ensemble 14-61, Jeunes Ecologistes Rouen, LDH section de Caen, No Passaran Caen, Rassemblement Humain, SUD Educ 14, UCL Caen, UL CGT Hérouville, Tadanum.
Le 08 octobre 2020, la mairie de Bayeux prenait un arrêté municipal pour interdire la distribution de tracts, sur les voies publiques aux abords du lieu central de l’événement « Prix Bayeux Calvados Normandie ».
Cet arrêté municipal anti-tractage du Maire de Bayeux, porte une atteinte grave aux libertés publiques.
La LDH est scandalisée par une telle méconnaissance de la part d’élus locaux des principes fondamentaux de droits humains et plus particulièrement de la liberté d’opinion et d’expression définie par l’art 19 de la DUDH de 1948.
Une telle attitude est encore plus grave aujourd’hui avec le vote de la loi « sécurité globale ». Les polices municipales sous la houlette des maires accompliront davantage de missions de la police nationale.
Cela peut donc, à juste titre, faire craindre des velléités de contrôles disproportionnés qui pourraient multiplier l’arbitraire administratif.
C’est pourquoi la Ligue des Droits de l’Homme, vient de saisir le Tribunal Administratif de Caen d’une demande d’annulation de cet arrêté municipal anti-tractage du Maire de Bayeux, pour mettre un coup d’arrêt à une telle dérive.
Pour la section LDH d’Herouville St Clair Pour la section LDH de Caen
Josiane Lowy Etienne Adam
14, Passage Dubail
75010 Paris
Monsieur Le Président De La République
Palais de l’Elysée
55 Rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
Paris, 14 /12/2020
Monsieur le Président de la République,
Nous vous écrivons à l’occasion de la Journée internationale des Migrants, le 18 décembre instituée par les Nations unies.
La troisième session nationale des États Généraux des Migrations vient de se terminer. Au cœur de nos débats et de nos solutions de terrain : la liberté, l’égalité et la solidarité ; au centre de nos préoccupations : le respect des droits fondamentaux et de la dignité pour toutes et tous. Notre proposition : l’accueil, la régularisation pérenne et inconditionnelle des personnes étrangères et l’égalité des droits.
Au même moment, les forces de l’ordre, sous le commandement du Préfet de police de Paris que vous avez nommé, réprimaient violemment à Saint-Denis et à Paris des êtres humains démunis, au nom de l’État français. Et depuis le début de votre mandat, vous avez choisi, par délégation au ministre de l’Intérieur, de démanteler des camps, de laisser à la rue des hommes, des femmes et des enfants, de les priver de nourriture, de logement, d’éducation et de leur interdire de travailler. Votre politique marginalise des êtres humains en les obligeant à vivre dans l’illégalité et la précarité. Votre seule proposition : la répression extrêmement violente, la déshumanisation et l’humiliation des personnes exilées, le déni.
Nous vous rappelons qu’il y a trois ans, 470 organisations vous avaient interpellées pour que vous convoquiez des États Généraux des Migrations. Vous avez expliqué que cela n’était pas nécessaire. Vous avez ignoré cette sollicitation de la société civile, comme vous avez ignoré plus récemment, la marche de sans papiers d’ octobre 2020.
Que vous le vouliez ou non, les États Généraux des Migrations existent ! Leurs membres agissent au jour le jour en solidarité avec les personnes étrangères. Les EGM représentent plusieurs centaines de collectifs, d’associations, des structures et d’ONG partout en France. Ils représentent la France qui accueille. Ils représentent la France qui lutte contre la répression et l’injustice.
Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus nombreux et nous sommes en colère. En conséquence, les EGM s’associent à la saisine faite par un de ses membres actifs, de la Défenseure des Droits et du Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme, des migrants, faisant suite aux événements qui se sont déroulés à Paris, le 23 novembre dernier.
Egalement, les EGM soutiendront, partout en France, l’acte 4 de la Marche des Solidarités qui aura lieu le 18 décembre.
Nous vous demandons instamment d’observer ce que celles et ceux qui choisissent la justice et la dignité sont capables de faire. Nous vous demandons de nous écouter, de défendre et de construire avec nous la paix sociale.
L’humanité de demain se construit avec l’accueil d’aujourd’hui.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre colère citoyenne et de notre très haute considération,
Les États Généraux des Migrations
L’Assemblée Nationale vient d’adopter – par une procédure antidémocratique d’urgence – le projet de loi dit « de sécurité globale »., dernier en date dans la longue liste des textes liberticides.
Une loi dangereuse pour nous tous, tellement dangereuse que Macron vient de recevoir en urgence une mise en garde dans laquelle les rapporteur-e-s de l’ONU, chargé-e-s de veiller au respect des droits de l’homme et des libertés publiques ne mâchent pas leurs mots. De l’ONU jusqu’à la Défenseure des droits , en passant par la Commission consultative des droits de l’Homme et les juristes, l’alerte est générale pour les droits démocratiques ! Un comble pour Macron, lui qui se voulait le héraut de la lutte contre les illibéraux : le voilà traité par l’UE comme un quelconque Orban !
.Au delà du bien connu art 24 – véritable déconstruction de la liberté d’expression et de la presse qui accroît l’impunité des comportements policiers violents –, d’autres dangers dans cette loi :
Les polices municipales, sous l’autorité du maire, accomplissent de plus en plus les missions de police. Au vu de certains arrêtés municipaux discriminatoires, racistes ou illégaux – on peut craindre des actions « disproportionnés » au bénéfice ’un potentat local… et des patrons qui exigent « l’ ordre »
Le texte consacre le rôle que les agents de sécurité privée jouent de plus en plus dans les actions de police : il tend ainsi vers une transformation en milice des services de sécurité, sans obligations de déontologie, de formation et de contrôle. Les milices patronales chacun sait ici qui elles servent et ce qu’elles font !
Il faut ajouter les vidéos par caméras embarquées des forces de l’ordre, la reconnaissance faciale et l’utilisation de drones munis de vidéos, et ce pas seulement lors des manifestations. L’interdiction -de fait- de filmer les forces de l’ordre s’accompagne de droits supplémentaires pour la police de filmer et d’utiliser les images des citoyen-ne-s, au mépris des textes fondamentaux sur la liberté d’expression et de manifestation, ainsi que du respect de la vie privée.
Sous prétexte de sécurité, c’est au droit fondamental d’exprimer et de manifester ses opinions, ses revendications dans l’espace public que le pouvoir continue de s’en prendre violemment, dans la logique du nouveau schéma national de maintien de l’ordre et du livre blanc sur la sécurité.
Craignant les mobilisations, il veut que la logique du maintien de l’ordre en cours depuis des années dans les quartiers populaires, s’impose partout contre les luttes populaires : militarisation des interventions , usage régulier de la force, arbitraire pour force reste à leur loi.
Car « en même temps » ce gouvernement met en cause les droits sociaux -ceux ces chômeur.euses par exemple- ou les droits des migrants et des sans papiers pourtant garantis par les textes internationaux . Demain en s’appuyant sur les préjugés xénophobes et racistes il nous prépare une « loi contre le séparatisme » dominée par la volonté de réprimer, d’imposer l’autorité.
Nous ne devons pas laisser passer ce projet et en particulier les dangereux art 21, 22 et 24 !
Ne soyons pas attentistes ! Castex va saisir le conseil constitutionnel sur le seul art 24, Si nous voulons une censure de cette loi liberticide et anticonstitutionnelle, il faut continuer à dire notre refus.
Sous la pression, Macron et Darmanin prétendent dénoncer les policiers violents. Mais peut-on laisser le ministre de l’intérieur dire que certains policiers « déconnent » quand ils tabassent un homme sous une pluie d’injures racistes ? C’est là banaliser une grave dérive.
Et l’utilisation de la violence policière contre les mouvements sociaux et dans les quartiers populaires, est-ce encore de la déconnade ?les tabassé.es, les éborgné.es les mutilé.es apprécieront cet humour.
En nous privant des possibilités d’exercer un contrôle de la police, d’ outil de contre-pouvoir, contre l’arbitraire et les violences policières ,? c’est la démocratie qui est atteinte : empêcher le débat sur le maintien de l’ordre, c’est faciliter le passage en force de leurs textes de régression sociale.
Bienvenue dans un monde verrouillé où la brutalité et l’impunité de la police régneront en maître.
Où la peur de l’espace public et la défiance de l’autre seront la norme.
Ou celles et ceux qui se battent sont menacé.es dans leur liberté
Où il n’y aura plus le droit de se défendre, de défendre ses revendications
Où il n’y aura plus d’opposition possible.
Ne les laissons pas faire. Partout participons et construisons les rapports de force pour protéger nos droits et nos libertés fondamentales.
Le pouvoir veut ériger la peur et la surveillance généralisée, érigeons partout la solidarité, la justice et la liberté.
Nous serons le 18 décembre ( journée internationale des migrant.es) aux côtés des sans- papiers pour l’acte 4 de la marche des solidarités
La police française est gangrènée par les fléaus du racisme et de la violenceune tribune de Malik Salemkour, président de la LDH et d’autres dont voici la conclusion: « Au final, la France a un problème de racisme au sein de ses forces de l’ordre et les pouvoirs publics refusent de le traiter, concédant éventuellement quelques mots un peu plus appuyés lorsqu’il s’agit de passer la tempête d’un scandale médiatique ponctuel. C’est ainsi que notre pays est sans doute l’un de ceux qui, parmi les grandes démocraties occidentales, a nié avec le plus de constance et d’abnégation une réalité que même ses négateurs connaissent.[…]A se demander si nos gouvernants, en refusant de traiter ce fléau, ne trahissent pas une vérité : leur difficulté à considérer celles et ceux que ce fléau frappe comme des citoyens à part entière.Paris, le 27 novembre 2020 avoir sur https://www.ldh-france.org/27-novembre-2020-tribune…/
Communiqué de presse
La cacophonie la plus complète règne au sein du gouvernement et de la majorité parlementaire après l’annonce, ce lundi 30 novembre, de la réécriture intégrale de l’article 24 de la proposition de loi Sécurité globale. Pour faire bonne figure aux yeux de l’opinion après le succès sans précédent des mobilisations populaires du 28 novembre, le gouvernement et la majorité parlementaire tentent d’éteindre le feu qu’ils ont eux-mêmes allumé.
Ils essaient de sortir l’article 24 de la proposition de loi Sécurité globale… pour mieux inclure ses dispositions dans l’article 25 de la loi sur le séparatisme. Et les articles 21 et 22 sont toujours là, visant l’instauration d’outils de surveillance de masse. L’utilisation des drones avec caméras (article 22) menace la liberté d’expression et de manifestation et rend illusoire la protection des sources des journalistes et lanceur·ses d’alerte.
Ces dispositions liberticides, ainsi que celles du Schéma national du maintien de l’ordre, représentent une menace pour le droit d’informer et d’être informé et doivent disparaître. Il appartient au président de la République, garant des libertés publiques, de procéder à leur retrait.
Nous condamnons les violences policières lors de la journée de mobilisation du 28 novembre et l’agression d’une dizaine de reporters par les forces de l’ordre.
Des rassemblements ou manifestations sont déjà prévus dans de nombreuses villes cette semaine, souvent en convergence avec les actions menées dans le cadre de la journée nationale contre le chômage et la précarité comme à Caen. Violences sociales, répression et violences policières, dont l’invisibilisation serait facilitée par ce projet de loi, font partie d’une même politique d’injustices visant certaines populations. C’est pourquoi, tant qu’il n’y aura pas retrait réel des articles 21, 22, 24 de la proposition de loi Sécurité globale et du Schéma national du maintien de l’ordre, les actions se multiplieront.
Nous appelons à participer à Caen à la manifestation prévue le SAMEDI 5 DÉCEMBRE, à 14 h 30, boulevard Leclerc en face du Monoprix.
Ag contre toutes les expulsions, Alternatiba Caen, ATTAC 14, Collectif droits des femmes 14, Ensemble 14, FSU 14, La France Insoumise, NPA14, Ligue des Droits de l’Homme, Uni.e.s Pour le Climat, Solidaires 14
Intervention pour le 28
L’Assemblée Nationale vient d’adopter – par une procédure d’urgence – le projet de loi dit« de sécurité globale »., dernier en date dans la longue liste des textes liberticides.
Profitant d’un contexte anxiogène, du fait des attentats et de la situation sanitaire, le gouvernement et le ministre Darmanin ont décidé de « muscler » une proposition de loi sur la police municipale et la sécurité privée.
« Muscler » tellement que Macron vient de recevoir en urgence une mise en garde dans laquelle les rapporteur-e-s de l’ONU, chargé-e-s de veiller au respect des droits de l’homme et des libertés publiques ne mâchent pas leurs mots. Pour les citer, ce projet « porte une atteinte disproportionnée à de nombreux droits, libertés fondamentales et principes généraux de droit, de manière non conforme aux obligations énoncées dans les traités internationaux, essentiellement relatives au droit à la vie privée, à la liberté de réunion pacifique, à la liberté d’expression et au principe de responsabilité pénale pour violation des droits de l’homme. »De l’ONU jusqu’à la Défenseure des droits , en passant par la Commission consultative des droits de l’Homme et les juristes, l’alerte est générale pour les droits démocratiques ! Un comble pour Macron, lui qui se voulait le héraut de la lutte contre les illibéraux : le voilà traité par l’UE comme un quelconque Orban !
Darmanin s’empresse de répondre aux injonctions des syndicats de policiers, mais sans doute aussi à celles d’autres lobbies sécuritaires. Au delà de l’art 24 – véritable déconstruction de la liberté d’expression et de la presse qui accroît l’impunité des comportements policiers violents –, il n’y va pas de main morte.
Les polices municipales, sous l’autorité du maire, accomplissent de plus en plus les missions de police. On peut donc – au vu de certains arrêtés municipaux discriminatoires, racistes ou illégaux – craindre des velléités de contrôles disproportionnés dont la finalité sera de mettre l’ensemble de la population de la commune sous surveillance d’un potentat local.
En outre, le texte consacre le rôle particulier que les agents de sécurité privée jouent dans les actions de police : il prévoit, par exemple, la suppression de l’obligation d’accréditation pour procéder à des palpations, ainsi que des peines aggravées contre ceux qui se rendent coupables d’atteinte à leur endroit. Ce texte tend ainsi vers une transformation en milice des services de sécurité, sans les obligations de déontologie, de formation et de contrôle.
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A cela s’ajoutent :
– d’une part, de nouvelles prérogatives judiciaires, un accès direct au Parquet et la possibilité d’effectuer des relevés d’identité ;
– d’autre part, des vidéos par caméras embarquées des forces de l’ordre, la reconnaissance faciale et l’utilisation de drones munis de vidéos, et ce pas seulement lors des manifestations. L’interdiction -de fait- de filmer les forces de l’ordre s’accompagne de droits supplémentaires pour la police de filmer et d’utiliser les images des citoyen-ne-s, au mépris des textes fondamentaux sur la liberté d’expression et de manifestation, ainsi que du respect de la vie privée.
Sous prétexte de sécurité, c’est au droit fondamental d’exprimer et de manifester ses opinions dans l’espace public que le pouvoir continue de s’en prendre violemment, dans la logique du nouveau schéma national de maintien de l’ordre et du livre blanc sur la sécurité.
Nous ne devons pas laisser passer ce projet !
Ne soyons pas attentistes ! Castex va saisir le conseil constitutionnel sur le seul art 24, d’autres vont le faire sur l’ensemble du texte. Si nous voulons une censure de cette loi liberticide et anticonstitutionnelle, il faut continuer à dire notre refus.
Pensez aux images de la place de la république ou de celles de l’affaire Michel, tabassé par trois policiers qui l’ont ensuite accusé à tort d’avoir voulu prendre leurs armes et de rébellion : qu’est-ce qui se serait passé -ou se passe souvent- hors des caméras ?
Darmanin prétend dénoncer les policiers violents. Mais peut-on laisser le ministre de l’intérieur dire de certains policiers qu’ils « déconnent » quand ils tabassent un homme sous une pluie d’injures racistes ? C’est là banaliser une grave dérive. Et l’utilisation de la violence policière contre les mouvements sociaux et dans les quartiers populaires, est-ce encore de la déconnade ?
Les images nous donnent la possibilité d’exercer un contrôle de la police. Elles sont un outil de contre-pouvoir, un moyen d’opposition à l’arbitraire et aux violences policières. Elles sont une garantie de la démocratie en permettant le débat sur le maintien de l’ordre.
Sans cela, bienvenue dans un monde verrouillé où la brutalité et l’impunité de la police régneront en maître. Où la peur de l’espace public et la défiance de l’autre seront la norme.
Ne les laissons pas faire. Partout participons et construisons les rapports de force pour protéger nos droits et nos libertés fondamentales. Le pouvoir veut ériger la peur et la surveillance généralisée, érigeons partout la solidarité, la justice et la liberté.